Histoire : Claire

Claire

C'était un beau mercredi d'avril, l'hiver faisait place, à  la timide douceur du printemps, mais il faisait bon d'être installé à  la terrasse de ce joli café parisien, regardant bourgeonner les arbres du jardin du Luxembourg.
Je prenais un café, observant discrètement, les passantes, m'imaginant en train de déchausser l'une d'elle, pour lui chatouiller les pieds. Nos belles, portent, souvent encore leur tenu d'hiver en cette saison, mais parfois quelques douces, moins frileuses, se hâtent à  porter des tenus plus légères. Elle était blonde, très jolie, mesurant environ 1m75, cheveux mi-longs, elle portait une jolie jupe beige, et un gilet léger. Mes yeux, par automatisme, se dirigèrent vers ses chevilles, et comble du bonheur, après tous ses mois d'hiver, elle portait de délicates sandales ouvertes, qui laissaient apparaître de magnifiques orteils. Elle s'assit à  la terrasse, sa table était juste à  côté de la mienne, se posa, et croisant les jambes, tout en appelant le serveur. Sa jambe droite posée, sur sa jambe gauche, me laissait contempler le magnifique spectacle, d'un joli pied, d'une pointure avoisinant le 41, comme je les aime. Ces ongles de pieds étaient magnifiquement entretenus et son orteil central abhorrait un délicat petit anneau en or. En ôtant, ses lunettes de soleil, elle regarda dans ma direction, et aperçut le long de la table mes inséparables béquilles, que je ne quitte plus depuis mon amputation de la jambe, l'année dernière. Par curiosité, je pense, elle baissa les yeux vers mes jambes, pensant apercevoir une jambe plâtrée,  mais je vis dans son regard comme de la compassion, quand elle vit, ma jambe droite de pantalon coupée et cousu, jusqu'à  plus de la moitié de ma cuisse, gênée, s'apercevant que je l'observais, elle afficha un sourire que je lui rendis. Sirotant une gorgée de son diabolo, elle s'adressa à  moi, timidement :
« Ce n'est pas trop dur ? Que vous est-il arrivé, si je ne suis pas indiscrète ».
Souriant, je lui répondis :
« Ma jambe en moins vous intrigue, n'est-ce pas.
- Si, je puis dire, oui, car c'est une de mes phobies figurez-vous, me retrouver amputée d'une jambe.
- Je comprends, cela fait peur à  première vue, moi-même lorsque cela m'est arrivé, il y a an, suite à  un accident de moto, je me suis demandé comment j'allais pouvoir vivre à  nouveau, et comme vous voyez, je suis là , sur un pied, certes, mais bien en pleine possession de mes moyens et de ma joie de vivre.
- Vous avez un courage qui m'épate, cela ne fait qu'un an, vous me dites, et vous semblez avoir accepté, comme si vous aviez toujours eu ce handicap.
- Soit on accepte, soit on perd des années précieuses, je n'aime pas perdre du temps, alors j'ai accepté ».
Elle sourit.
«  Vous m'épatez.
- Dans le même registre, et veuillez m'excuser si je vous choque, mais vous avez des pieds magnifiques ».
Etonnée, mais souriante, elle répondit interrogatrice :
« Fétichiste ?
- Oui, des chatouilles, pour vous servir, belle demoiselle. 
Elle se déplaça de sa chaise et vint se mettre juste à  côté de moi.
« Alors monsieur, le fétichiste unijambiste, pourquoi ne ferions nous pas plus ample connaissance ?
- Avec plaisir, mais que diriez vous d'une petit ballade dans le parc ?
- Je n'ai pas osé vous le demander.
- A cause de mes béquilles ? Ne vous inquiétez pas, je ne marcherai pas vite,
- Elle se mit à  rire, déposa, un billet de 5 euros sur la table et me suivit….

(à  suivre ..)